Le Tam-tam virtuel des Elog Mpoo

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Monographie du Canton Bakoko Mungo

Cette monographie est extraite du livre de C. Buhan et E. Kange Essiben, « La Mystique du corps ».

 

Canton Bakoko du Mungo

 

Situation et limites

Le Canton Bakoko du Mungo est situé au sud de la sous-préfecture de l’arrondissement de Dibombari (Département du Mungo, Région du Littoral). Il est orienté nord-ouest sud-ouest, entre les parallèles 4°7 et 4°13 de latitude nord  et les méridiens 9°35 et 9°46 de longitude est, sur une superficie de 107km2. Au sud, le Canton Bakoko du Mungo est séparé du canton de Bonabéri (Département du Wuri) dont l’île de Djébalè fait prtie par la rivière Ewodo - sur une longueur de 3 km -, et sur 23 km par la crique Bomono-Madiba. A l’est, le Wouri le sépare du canton Bassa (département du Wouri) sur neuf km. L’extrême pointe ouest du canton Wouri-Bwelé (département du Nkam) jouxte le canton Bakoko en un point au milieu du fleuve Wouri, à hauteur de Bisamba. Le fleuve Abo, affluent du Wouri, le parcourt sur 7 km dans sa partie nord-ouest, isolant du reste du canton les villages Bongo et Bisamba limitrophes avec le canton abo-sud. Sur encore un peu plus de 7 km, les rivières Bakoko et Ebondodiko le séparent des canton Abo-sud et Pongo. Puis la limite entre le canton Bakoko et le canton Pongo suit, 1 km plus au nord, le tracé de la route de Yambe à Bossedi, contourne la sous-préfecture par le sud, passe au nord de Biendende, de Njuki, de Maka, et au sud de Bomono Ba Mbengue.

 

 

         PRESENTATION PHYSIQUE

 

Le relief, sol et sous-sol

La structure, le modelé et les sols du canton Bakoko du Mungo relèvent du tertiaire et du quaternaire. Le quaternaire se divise en deux parties. La première, dans le secteur de l’île de Djebalè, part de Yakana, remonte la rive de la crique Bomono-Madiba (un des bras du delta du Wouri) jusqu’au Wouri lui-même. Elle constitue « une des plus belles mangroves des régions tropicales », d’après Paul MOBY ETIA. Zone de vases, d’argiles et de limons, de sols hydromorphes formés d’alluvions fluvio-marines récentes ; forêt à l’aspect impénétrable où se mêlent palétuviers aux racines aériennes (Rhyzophora racemora), boangos (Avicennia nitida), bossipis (Oxystigma mannii) et pandanus (Panda oleosa) parmi d’inextricables fourrés et broussailles.

Le deuxième remonte le long du Wouri, jusqu’à Bisamba, limite nord du canton Bakoko où l’on rencontre des levées alluviales de nature sableuse, limoneuse et argileuse (Zone de sissongos : Pennisetum spp.), suivie d’une plaine alluviale, parallèle au fleuve, inondée en période de crues et dont le sol en surface est tourbeux et noir et en profondeur limono-argileux. On y trouve des raphias et des cypéracées qui forment un tapis d’herbe. A une vingtaine de mètres du lit mineur on rencontre des bourrelets sablo-limoneux, zone d’habitation, de forêt arbustive, de cultures vivrières.

Le tertiaire occupe le reste du canton qui forme le sud-est du bas-plateau ou de la plaine de Dibombari, large de 15 kms en moyenne et longue de 20 km. On y trouve des sables jaunes et des argiles sableuses avec à la base une formation essentiellement argilo-sableuse. La profondeur des sols oscille entre 5 et 12 mètres. Sablo-argileux en surface, ils deviennent argilo-sableux en profondeur et ont une faible capacité de rétention d’eau et peu de potentiel organique et minéral. Ce sont des sols peu ferrugineux avec un fort taux d’acidité, donc de faible capacité agricole, mais faciles à travailler.

Sur ces sols du tertiaire, poussait autrefois une magnifique forêt primaire qui a fait place à une forêt secondaire où poussent le palmier à huile (Elaeis guineensis).

Dans les bas-fonds les sols sont sableux ou argilo-sableux, au sommet des collines apparaît à l’œil nu une couche de latérite qui a servi à la construction des routes comme l’axe Douala-Loum.

Le relief est peu marqué mais suffisamment élevé au dessus de l’estuaire. L’altitude de la région ne dépasse pas 66 mètres (sur la route de Bali à Yambè) et 57 mètres à l’ouest de Bonambongue. Ce paysage est relativement accidenté et vallonné à l’est.

Le réseau fluvial. Le canton Bakoko du Mungo est abondamment arrosé dans son ensemble par de multiples marigots, ruisseaux et rivières qui se jettent dans la crique Bomono-Madiba et les fleuves Wouri et Abo. Ces ruisseaux et rivières sont rarement à sec même pendant la saison sèche qui voit cependant leur débit diminuer sensiblement. Plusieurs restent navigables toute l’année. Il faut toutefois noter qu’à cause de l’envahissement du fleuve Abo par la jacinthe d’eau ces dernières années, qui a elle-même entraîné la colonisation secondaire par des sissongos, celui-ci est complètement bouché et n’est plus navigable. Le canton est littéralement quadrillé sauf en son centre par d’innombrables sources jaillies directement du rocher ou le plus souvent du sable.

 

Le climat. Le climat du Canton Bakoko du Mungo diffère très peu de celui de Douala, si ce n’est pr une légère diminution du régime des précipitations au fur et à mesure qu’on avance vers l’intérieur. Le climat est équatorial à paroxysme de mousson, de type dit camerounien. Les variations saisonnières sont surtout pluviométriques, les températures étant élevées et constantes. La moyenne annuelle est de 26°4. Il existe deux saisons : une saison sèche de trois mois et une longue saison des pluies caractérisée par deux périodes de transitions – mars à juin et septembre à novembre – jalonnées d’averses orageuses et de perturbations, et une période de pluies continues et intenses, de trombes d’eau avec un ciel couvert pendant des journées entières (juillet-août). Cette région est rarement atteinte par le Front Inter-Tropical qui sépare l’air équatorial océanique de l’air sec véhiculé par l’harmattan du nord-est, d’où la faible intensité de la saison sèche.

La flore: La végétation est débordante et diversifiée. La forêt primaire subsiste dans la région de Yasem et aux alentours de Yamidjang, Yasuka et Yabwadibe. Mais celle-ci fait l’objet d’une exploitation sauvage et anarchique ces dernières années. On retrouve des vestiges de l’ancienne forêt primaire au nord-est du canton, avec principalement des azobés (Lophira procera alata), et des palmiers raphias.

En général, les espèces qu’on retrouve sont les palétuviers, (Rhyzophora racemora), boangos (Avicennia nitida), bossipis (Oxystigma mannii) et pandanus (Panda oleosa), les palmiers-raphia (Raphia ruffia), sissongos (Pennisetum spp.), azobés (Lophira procera alata) et beaucoup d’autre espèces ligneuses et non ligneuses.

La faune  a fortement subi les effets de l’homme. Eléphants, hyppopotames, panthères ont disparus, tandis que les antilopes et les singes (cercopithécides) se font de plus en plus rares. Les phacochères subsistent en nombre du côté de Bongo et Bisamba, ainsi que les tortues marines et les crocodiles. D’autres reptiles comme les serpents dont les vipères et les pythons y sont encore dénombrés.

La faune aquatique est constituée d’aloses (Ethmalosa dorsalis), capitaines (Polynemus quadriplis), carpes (Lutjaanius) et de crevettes « dibanga » (Palaemon hastatus) pêchés dans le wouri. Les poissons d’eau douce se sont raréfiés à cause de l’invasion du fleuve Abo  par la jacinthe.

 

LA SOCIETE

 

Structure et composition de la population

La population du Canton Bakoko du Mungo n’a cessé de régresser, passant de 3.577 habitants en 1935 à 1.591 en 1972, et bien moins aujourd’hui. En 1967, le plus petit village, Yandoungou, comptait 40 habitants en 1967. Elle est amputée d’une grande partie de ses éléments dynamiques, adolescents, jeunes et adultes. Ceci est dû à un exode important justifiés par des départs provisoires à la recherche de l’école  ou d’un gagne-pain, mais aussi définitifs. Cette émigration a lieu principalement à Douala, la ville des Bakoko, leur lieu de résidence avant le départ pour Dibombari.

L’autre raison de désaffection de la campagne qui s’applique peu aujourd’hui était la sorcellerie et l’attitude de certains vieux réfractaires au progrès et à toute innovation, jaloux d’une autorité dépassée, parce que perturbée par les chocs et les traumatismes subis par leur société.

La population active se répartit principalement en cueilleurs-agriculteur (+ de 90%), pêcheurs. Il y a peu d’artisans et de commerçants. Les Bakoko méprisaient le secteur secondaire qu’ils assimilaient à l’esclavage : manœuvres dans les exploitations industrielles. En ville, ils occupent tous les échelons de l’administration, on le trouve aussi dans le secteur privé, mais ils affectionnent particulièrement les carrières intellectuelles non rentables par définition.

Equipement scolaires et sanitaires

L’insuffisance ou le mauvais fonctionnement des équipements scolaires et sanitaire est toujours observée, malgré des avancées notables dans ce domaine. Le canton compte 03 écoles primaires dont une confessionnelle, un établissement d’enseignement secondaire à premier cycle (CES). Leur répartition spatiale pose toujours problème, les élèves étant encore contraints de couvrir une distance de 5 km en fonction de leur localité.

Il en est de même de centres de santé dénombrés à 2 dans le groupement Yabiang. L’hôpital le plus proche se situe à Dibombari, de 4 à 15 km des villages Bakoko.

 

Infrastructures, conditions de vie et activités économiques

Le canton Bakoko Mungo possède environ 45 km de routes carrossable et semi-carrossables. Les premières routes datent de l’après-guerre 1914-1918. La route goudronnée Douala-Nkongsamba travers le canton Bakoko Mungo sur environ 4km à partir de la crique Bomono-Madiba jusqu’à la limite avec Bomono Ba Djedu. La route Bomono-Dibomnari-Yassem constitue l’axe routier central qui a supplanté la voie fluviale qui fit la grandeur des Bakoko, qui tiennent plus de 45 kms de fleuve et de rivières ayant directement accès au Wouri. A cause du développemnt de cette route, les villages Bakoko ont peu à peu quitté les rives du Wouri et de la crique Bomono-Madiba pour se rapprocher de cet axe. C’est ce qui explique le déclin des villages autrefois prospères comme Senge, Maka, Mbangè, Yabakon.

La ligne de chemin de fer traverse le canton dans sa partie ouest, avec une gare à Maka.

Il n’existe plus aucun marché dans le canton, alors que les plus importants de l’arrondissement s’y trouvaient : Senge, Maka, Ebondodiko qui avaient rang de marchés inter-régionaux. A ceux-là il faut ajouter le marché de Bonambwasse qui n’était que l transplantation malheureuse du marché de Senge, le marché de Yassem sur les berges du Wouri et le marché du beach de Yangonang.

L’habitat traditionnel (maisons rectangulaires avec toits et mûrs en nattes de nervures de raphia tressées, bambous et écorces d’arbre) a été substitué par les maisons en karabots avec toits en mattes ou en tôles ondulées, puis en briques de ciment. Toutes comprennent une véranda, une salle de séjour, deux à quatre chambres à coucher. Une cuisine est attenante à la maison principale, ainsi qu’un lieu d’aisance derrière la maison à une certaine distance.

Quelques puits ont remplacé les sources d’eau auxquels avaient recours les populations  à des distances dépassant rarement 1km et demi.

Dans le canton Bakoko, la terre est libre. Il existe trois types de propriété : les terrains villageois (forêt naturelle) que la communauté peut distribuer pour la culture mais que l’individu ne peut s’approprier ; la propriété familiale avec une palmeraie naturelle et la propriété individuelle à l’intérieur de cette dernière pur les habitations et les cultures.

Les sources importante de revenus sont le palmier à huile (dihen) à partir duquel l’huile et le vin sont extraits, et qui procure des palmistes utilisés pour l fabrication du minyinga à la fois remède et produit cosmétique; le palmier raphia (diko) procure le vin qui est pasteurisé (« marque déposée » du village Yangonang) eou fermenté pour la fabrication de l’alcool (haa, harki), les nattes et bambous; les agrumes qui constituaient l’une des richesses du canton ont complètement disparus; le manioc (mikwamba) est toujours une importante source de revenus, transformé en couscous, bâtons de manioc (mondè), amidon (tasi), rarement en tapioca et ces derniers temps en bobolo et mintumba. Les autres cultures vivrières comme la patate douce, l’igname, le macabo, le taro, etc. n’existent presque plus. Le plantain est toujours une culture d’arrière-case, la banane douce se fait rare, le maïs et l’arachide ont régressés, ainsi que les arbres fruitiers qui pourtant sont dans leur milieu et les agrumes. Le safou (sao) n’est pas du reste. Le café et le cacao jadis cultivés pendant la période coloniale ont été abandonnés en raison de la chute des cours mondiaux.

L’élevage traditionnel de poules, chèvres et porcs est e régression. La pêche qui n’a jamais dépassé le stade artisanal (à la ligne ou à l’épervier) mais qui constituait l’activité principale l’est également. Les Bakoko participent aussi à la célèbre pêche saisonnière des écrevisses Callianassa turnerana White (Mbotore ou Mbeatowe en duala). Dans les rivières, les femmes pêchaient les crevettes minuscules et grises (njanga), les crabes et autres poissons à la nasse et les enfants à l’aide de pièges.

La chasse à la coure, à l’aide de pièges ou du fusil a beaucoup baissé, victime de sa propre activité qui a décimé les animaux.

L’artisanat traditionnel a disparu : plus de vanniers, potiers, forgerons. Il existe quelques menuisiers et maçons. Même la fabrication de pirogues et de fauteuils relève du passé. Il existe quelques boutiques.

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30/10/2009
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